Quelques mots de présentation de Nicolas Gémus :
J’adore cette pièce profondément québécoise, écrite et composée par Georges d’Or en 1966, et qui sera intronisée au panthéon des auteurs et compositeurs canadiens quarante ans plus tard (2006).
Elle est née suite à une lettre d’un ouvrier que l’auteur avait reçu, où il y était décrit la solitude des bâtisseurs de barrages sur la rivière Manicouagan.
Chaque fois que j’entends cette chanson, l’isolement du travailleur exilé me fait d’ailleurs penser à mon frère Vincent, monteur de ligne fréquemment appelé à faire de longues « runs » dans le Nord. Je m’imagine les blues qu’il avait dans ses camps en forêt à la Romaine, coupé du monde.
Je songe aussi à Jacques, grand-père adoptif qui partait des mois durant sur les chantiers de la Baie-James à l’époque où il venait de rencontrer sa chère Marthe, et comme elle devait lui manquer.
Le succès monumental de cette chanson s’explique peut-être au fait qu’elle porte en elle cette franchise de cœur que l’on retrouve ici chez plusieurs de ces hommes que l'on dit « manuels ». Ces « doers » qui ne parlent pas pour rien dire.
Ceux qui, par leurs gestes, disent « je t’aime » aussi souvent que discrètement.
Cette reprise est dédiée à tous ces gens de coeur qui, parfois, se sentent loin des leurs :
« Si tu savais comme on s’ennuie à La Manic,
Tu m’écrirais ben plus souvent, à la Manicouagan ».
